.

La marchabilité dans la ville : une question de santé publique

.

L’inactivité physique est, à juste titre, nommée le fléau du siècle, responsable d’une baisse de l’activité neuronale, de l’augmentation du stress et du risque d’insuffisance cardiaque, de diabète ou encore de troubles musculo-squelettiques… Pour ne citer que ces exemples.

Selon l’Onaps (l’Observatoire national de l’activité physique et de la sédentarité), les personnes quadragénaires passeraient plus de 12 heures assis en semaine, contre 9 heures lors de leurs jours de congé. En cause ? Le travail au bureau, bien entendu, mais également l’utilisation parfois excessive de la voiture, des transports en commun… Et du canapé. L’excuse de la distance existant entre les trajets domicile et travail ne tient malheureusement pas la route pour de nombreux cas : selon l’ADEME (Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie), presque 50 % des trajets de moins de 1 kilomètre entre le lieu de travail et le domicile s’effectuent en voiture, et près de 40 % des trajets réalisés en voiture ont une distance de moins de 3 kilomètres… Soit l’équivalent respectif de 10 et 30 minutes de marche.

Les adultes, bien sûr, sont les premiers concernés, mais cette situation s’empare à présent des adolescents et des enfants. À titre d’exemple, seuls 4 enfants/10 se déplacent aujourd’hui à pied pour se rendre à l’école, alors que 45 % d’entre eux habitent à moins de 20 minutes à pied de leur établissement scolaire. De quoi laisser craindre une véritable pandémie de maladies liées à l’inactivité dans les années à venir.

Si de nombreux trajets du quotidien peuvent alors être réalisés à pied (aller au marché, à la poste, à l’école, au cinéma, faire son shopping, et parfois même se rendre au travail !), la question de la marchabilité est alors centrale. Pratiquer ne serait-ce que 20 à 30 minutes de marche par jour permettrait de pallier, en partie, à de nombreux problèmes médicaux liés à la sédentarité : de quoi se motiver à revoir ses trajets du quotidien, sur un mode de déplacement plus lent, mais aussi meilleur pour la santé ! Ceci, tout en évitant le stress engendré par les bouchons, la circulation, la conduite… Une belle manière d'envisager les trajets du quotidien, sous un angle plus apaisé, propice à la détente, à la rêverie, et à une vie en bien meilleure santé.

.

Les bienfaits environnementaux et sociétaux d’un espace public adapté à la marchabilité

.

La marchabilité : créateur de lien social

Que devient l’espace public lorsque celui-ci est boudé par les piétons ? Quid, des rencontres de voisinage, de la création d’une vie de quartier, des échanges sociaux, des rencontres inopinées, de la mixité sociale ? Dans un espace urbain occupé en majorité par les voitures, tous ces éléments, qui font le charme de nos espaces de vie, disparaissent petit à petit. La marchabilité permet alors d’ouvrir à nouveau le champ des possibles, de laisser au piéton la place nécessaire pour se réapproprier son espace de vie et de circulation.

Voyageurs, itinérants, musiciens de rue, habitants du quartier, commerçants, personnes de passage, enfants, adolescents, aînés… Tous se retrouvent alors à nouveau dans un espace commun, afin de recréer le tissu social si indispensable au bien-être de chacun.

.

L’économie au cœur des enjeux de la marchabilité

Une idée solidement ancrée voudrait que la marchabilité, et donc l’utilisation amoindrie de l’automobile au quotidien, soit directement liée à une réduction du chiffre d'affaires des commerces.

Cependant, aujourd’hui, les modes de consommation s’orientent davantage vers la favorisation des commerces de proximité. L’achat physique surpasse encore et toujours l’intérêt, pourtant grandissant, pour le e-commerce : selon une étude réalisée par Bonial, près de 83 % des consommateurs français favorisent les achats en magasin, et 87 % des personnes interrogées considèrent que les lieux de vente physique jouent un rôle d’importance dans le maintien d’une vie locale animée. De plus, 67 % des Français s’estiment favorables à la disparition de la circulation automobile en centre-ville le samedi et le dimanche.

Enfin, selon l’ADEME, 65 % des achats réalisés en grande ville sont effectués à pied, contre 40 % pour les périphéries. De là à favoriser la marchabilité en centre-ville pour soutenir les commerçants de proximité, il n'y a qu'un pas !

.

Et l’environnement, dans tout ça ?

Impossible de développer les enjeux et bienfaits de la marchabilité sans citer le volet environnemental.

Entre une utilisation amoindrie de la voiture et une réduction massive de la circulation en ville, l’environnement, tout comme les humains, en sort gagnant. Si la marche émet 0 émission polluante, les véhicules particuliers, eux, participent à la hauteur de 22 % des émissions de CO2 en France (2019) et de près de 10 % des émissions de particules. Favoriser la marchabilité permettrait alors de participer activement à la préservation de nos écosystèmes, tout en permettant à tous et à toutes de réaliser de précieuses économies au quotidien, liées au prix du carburant et à l’entretien des véhicules particuliers.

.

Comment se définit une ville marchable ?

.

Accessibilité et sécurité : les enjeux majeurs de la marchabilité de demain

Lorsque le sujet de la marchabilité est abordé, les questions liées à l’accessibilité des espaces piétons et à la garantie de la sécurité des usagers des voies pédestres sont absolument prioritaires. Favoriser la marchabilité en ville, c’est donc repenser les villes de demain, en termes d’aménagements urbains, de circulation, d’occupation de l’espace, de praticité et surtout, d’inclusivité.

Une ville marchable, donc, mise sur une priorité donnée au piétons dans l’occupation de l’espace public. Cela passe alors par de nombreux points :

• L’aménagement de trottoirs larges, permettant une circulation piétonne fluide et une meilleure accessibilité aux Personnes à Mobilité Réduite (PMR).

• Une plus grande accessibilité aux points de commodité (toilettes publiques, lieux de change pour les bébés, bancs et tables de repos…).

• Une séparation nette entre les espaces dédiés aux piétons et ceux réservés aux véhicules, par l’installation d’espaces verts « tampons » entre ces deux zones.

• Repenser la circulation automobile, en réduisant la vitesse maximale autorisée, en éloignant les parkings du centre-ville, en interdisant la circulation dans certains secteurs.
  Et tant d’autres !

  Des questions et des enjeux complexes, certes, mais indispensables pour réenvisager l’occupation urbaine par les piétons, tout en favorisant le confort, l’accessibilité et l’inclusivité pour tous. Passionnant !

.

BubblesMapper : engagé pour des villes inclusives et adaptées aux piétons

.

BubblesMapper fait partie des initiatives engagées pour favoriser la marchabilité dans les espaces urbains : créatrice d’un lien entre les usagers de la ville et les commerçants, notre plateforme participative permet à chacune et chacun de trouver rapidement les commodités de proximité répondant à ses besoins. Toilettes les plus proches, vestiaires, fontaines à eau, espaces de stockage des bagages, espace de change pour les plus petits… Tous ces lieux nécessaires au bien-être en ville, et favorisant de ce fait une plus grande accessibilité des espaces aux piétons, sont alors recensés dans une application mobile. De quoi vous sentir plus à l’aise dans l’espace public, et de le parcourir en toute sérénité lors de vos déplacements à pied.