L’eau est essentielle à toute forme de vie. Elle couvre 72% de la planète et notre corps en est composé à plus de 60%. C’est l’un des premiers besoins de l’homme selon la pyramide de Maslow.
Vous ne le saviez peut-être pas, mais c’est en 1621, au Royaume Unis, que la première mise en bouteille d’eau a eu lieu. Elle connaît un véritable essor en 1844 lorsqu’un aubergiste des Etats-Unis, couché sur son lit de mort, boit de l’eau de sa source locale [1]. Il se sent mieux et attribue des propriétés thérapeutiques à son eau. Bouche à oreille se faisant, l’auberge devint une station thermale dont les visiteurs repartent avec une petite bouteille d’eau. C’est la naissance de la marque Poland Spring.
En France, c’est la cure thermale (très populaire au début du XXe siècle) qui va propulser la mise en bouteille des eaux. Les patients d’Evian, de Vittel et de Perrier reviennent avec une bouteille remplie pour prolonger, chez eux, les bienfaits de leur cure. Réputation est faite. Reste à attendre la grande distribution des années 1960 pour que l’eau en bouteille connaisse le boom qu’on lui confère encore aujourd’hui.
Ainsi environ 7 milliards de bouteilles d'eau sont vendues chaque année en France soit environ 135L/habitant [2] nous plaçant dans le top 5 mondial en termes de consommation de bouteilles par habitant. Néanmoins il est possible d’entrevoir une évolution dans un sens favorable à l’environnement avec 30 % des Français indiquant avoir diminué leur consommation d'eau en bouteille [3].
Rappelons que l'usine d'embouteillage est principalement une usine spécialisée dans la fabrication de bouteilles en plastique. Et qu’il a été constaté que l'eau est contaminée avant d'être embouteillée. Qu’il y ait des plastiques dans une bouteille d’eau elle-même faite de plastique n’étonnera personne. Ce qui l’est, en revanche, c’est leur nombre. Et leurs effets sur le corps.
D'après une étude américaine parue dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences le 8 janvier 2024 [4], environ 240 000 fragments de micro et nano plastiques ont été détectés par litre d'eau, toutes marques confondues. Parmi eux, 90 % sont des nano plastiques, des particules si fines qu'elles peuvent « traverser le système sanguin et atteindre divers organes, comme le cerveau et les organes reproducteurs, perturbant ainsi leur fonctionnement ». Cependant, leur degré de toxicité reste incertain.
Ces minuscules particules incluent des matériaux comme le polyamide (nylon), le PET (polyéthylène téréphtalate), le polystyrène, le polypropylène et le polyéthylène. Le PET et le polyéthylène proviennent directement des bouteilles en plastique, tandis que des substances comme le PVC, contenant des stabilisateurs comme le plomb et le cadmium en infime quantité, ainsi que du polystyrène, sont présentes dans l'eau avant même leur embouteillage. On y retrouve naturellement du PFAS (substances cancérigènes per- et polyfluoroalkylées dits polluants éternels du fait de leur persistance dans l’environnement et dans les organismes vivants) [7].
Rajoutons à cela une surexploitation des nappes phréatiques ainsi que les énergies utilisées pour la fabrication d’une bouteille :
0,1 litre de pétrole
42 litres de gaz
80 grammes de charbon
2 litres d'eau
N’oublions par les kilomètres parcourus entre le lieu d’embouteillage et le verre du consommateur (300 km en moyenne en France), et on découvre que notre eau ne coule pas vraiment de source.
Soit 267 grammes de CO2 par litre d’eau[3].
Cependant, l’eau en bouteille possède des qualités indéniables. Par exemple, les eaux minérales contenant plus de 600 mg/litre de bicarbonate favorisent la digestion, tandis que celles riches en sodium (plus de 200 mg/litre) sont idéales pour les sportifs. De plus, les eaux faiblement minéralisées conviennent parfaitement à l’alimentation des nourrissons.
Enfin, les eaux minérales naturelles sont une source d’oligo-éléments tels que la silice, le fluor, le zinc et le cuivre, qui jouent un rôle essentiel dans le bon fonctionnement de l'organisme. Rappelons néanmoins que les eaux minérales étaient auparavant vendues en pharmacie, comme des médicaments jusqu'en 1950 et que lorsque fortement minéralisées, elles ne sont pas destinées à une consommation permanente.
En France, l’eau du robinet sort vainqueur de ce palmarès puisqu’elle est bue par 2/3 de la population [8]. Mais d’où vient-elle et qu’y a-t-il dans l’eau que nous buvons ?
Tout d’abord, il faut savoir que contrairement à l’eau en bouteille, elle provient de trois grandes sources : les rivières, les lacs et les nappes souterraines. Bien sûr, elle est traitée, filtrée, désinfectée et décantée. Mais son goût peut déplaire, selon la région dans laquelle vous habitez.
Si elle aussi contient des minéraux tels que le calcium, le magnésium, le potassium et le sodium ; elle peut contenir également d’autres substances moins bonnes pour la santé, voire totalement nocives dont les teneurs sont à évaluer en fonction des zones géographiques de captation et des méthodes de traitements.
Ainsi, on y retrouve, malgré les traitements, des traces de métaux lourds comme le plomb, le mercure, l’arsenic et le cadmium. Des métaux qui proviennent de la pollution industrielle, agricole ou, plus simplement, de la vétusté des canalisations.
Ces métaux pouvant alors provoquer troubles neurologiques et maladies rénales.
On peut y détecter également des pesticides et des COV (Composés Organiques Volatils) qui proviennent directement des solvants industriels, des détergents que nous utilisons à la maison). Certains de ces COV sont potentiellement cancérigènes. D’autres substances sont également fréquemment présentes : des résidus médicamenteux, des micro plastiques ainsi que des PFAS .
Il est à noter que les eaux embouteillées ne pas épargnés par ces contaminations [6], sauf à venir d'une source particulièrement préservée. N’étant d’ailleurs pas soumis à l’obligation de publication des résultats de contrôles sanitaires, une attention particulière du consommateur doit être portée en fonction de la marque et de la source utilisée.
L’eau du robinet est l’un des aliments les plus contrôlés par les autorités sanitaires. Et leurs normes à l’échelle de la réglementation européenne sont très strictes. En France, toutes les informations de votre eau sont disponibles. Soit en mairie, soit sur votre facture d’eau, soit sur le site internet du gouvernement : https://sante.gouv.fr/sante-et-environnement/eaux/eau.
En somme, le dilemme entre l'eau du robinet et l'eau en bouteille soulève des enjeux importants tant pour la santé que pour l'environnement. Malgré les bénéfices des minéraux des eaux en bouteille, celle-ci entraîne des problèmes de pollution plastique et une empreinte carbone élevée. À contrario, l'eau du robinet, plus sujette à contamination, est strictement contrôlée et facile d'accès.
L’eau du robinet a ainsi de nombreux avantages :
Le premier, et non des moindres, son coût. Entre 0,002 et 0,005 euros le litre contre 0,20 et 0,60 euros par litre d’eau en bouteille.
Le deuxième, son impact environnemental : Via l’eau du robinet, on évite la fabrication, la destruction (et le transport) d’une bouteille en plastique. Son accessibilité reste simple. On en trouve, potable, partout. Et c’est là la plus grande richesse que nous ayons.
La réalité est que dans la plupart des pays développés, l'eau du robinet est sûre et très réglementée. Il semble donc essentiel de rester informé sur la qualité de l’eau distribuée dans sa région et de privilégier l'eau du robinet lorsque c'est possible afin de promouvoir une consommation responsable pour préserver nos ressources en eau pour les générations à venir.
Et pour vous faciliter la démarche, lorsque vous voyagez au travers de l’Europe, la communauté BubblesMapper vous donne la possibilité de remplir vos gourdes dans la sphère publique, grâce à plus de 100 000 points de distribution d’eau potable présents en France, Allemagne, Espagne et autres pays voisins.
[1] Pyramide qui a pour rôle de hiérarchiser les besoins des individus.
[2] Ligue des sociétés historiques et des musées du Maine (1970). Doris A. Isaacson (éd.). Maine : un guide « Down East » . Rockland, Me : Courier-Gazette, Inc. p. 398.
[3] https://chiffrecle.oieau.fr/1394
[4] Source : L'ObSoCo/Citeo, Observatoire de la consommation responsable, 2020
[5] https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.2300582121 https://www.quechoisir.org/actualite-eau-en-bouteille-aux-aromes-de-microplastiques-n115362/
[6] Qualité des eaux en bouteille - Public Sénat
[7] https://impactco2.fr/outils/boisson/eauenbouteille
[8] https://www.eaufrance.fr/chiffres-cles/part-des-francais-buvant-de-leau-du-robinet-tous-les-jours-en-2020