Le plastique à usage unique, créé en 1870, est une des principales causes de la pollution environnementale. Particulièrement nocif dans les milieux aquatiques, il met des années [1] à se décomposer, libérant des microplastiques qui pénètrent dans la chaîne alimentaire.
Face à ce constat, des acteurs comme l’association No Plastic In My Sea se battent pour promouvoir une réduction drastique de l’usage du plastique. Ces initiatives s’intègrent dans le cadre de la Loi AGEC [2], qui impose une transition vers des alternatives réutilisables, biodégradables ou recyclables. La loi met ainsi en place des mesures favorisant la réduction de la production de plastiques, mais aussi des pratiques responsables parmi les entreprises et les citoyens.
Un des enjeux de la Loi AGEC est l’obligation d’installer des fontaines à eau dans les établissements recevant du public (ERP). Cette mesure vise à encourager une consommation d'eau potable sans recourir aux bouteilles plastique. En incitant les ERP à fournir de l’eau gratuite, la loi cherche à réduire la dépendance aux contenants plastiques jetables tout en promouvant des comportements de consommation plus durables.
Cependant, l’application de cette loi soulève plusieurs questions pratiques. Certaines entreprises, notamment les plus petites, peuvent éprouver des difficultés à financer l’installation et la maintenance de ces fontaines[3]. De plus, l’obligation de garantir la qualité sanitaire de l’eau distribuée, à travers des contrôles rigoureux, impose un suivi strict, souvent coûteux pour les établissements. Ces coûts peuvent constituer des freins à l’application de la loi, même si celle-ci est un pas en avant significatif vers un avenir sans plastique.
Cela est également vrai dans les zones moins urbanisées, où les coûts d’infrastructure peuvent être prohibitifs. La loi prévoit certaines aides financières pour soutenir les ERP, mais des solutions plus adaptées et davantage d’incitations économiques seraient nécessaires pour surmonter ces obstacles.
Le recyclage du plastique est un autre domaine où la Loi AGEC joue un rôle clef. Les initiatives locales, comme celles proposées par No Plastic In My Sea, militent pour une amélioration des infrastructures de tri et de collecte.
Le taux de recyclage du plastique, 25% à l’échelle nationale et 40% à l’échelle européenne, reste encore insuffisant dans certaines régions, principalement à cause d’infrastructures mal adaptées ou inexistantes. La mise en place de systèmes de collecte plus efficaces et de centres de recyclage mieux équipés permettrait de réduire les déchets plastiques, mais également d’encourager une économie circulaire plus fonctionnelle.
Une autre composante essentielle de la loi AGEC réside dans l'éducation et la sensibilisation des citoyens aux enjeux du plastique. Le but : encourager les consommateurs à adopter des alternatives durables. La modification des comportements dès le plus jeune âge, permise notamment par l’interdiction des bouteilles en plastique dans les écoles, est une autre action de sensibilisation efficace pour préparer les futures générations à la consommation responsable.
Bien qu’il existe des initiatives locales et des sites de collectivités qui recensent ces installations, l’encouragement ne se fera que par la visibilité accrue de ces structures. Il n'existe pas encore de plateforme nationale centralisée dont l’intérêt d’usage encouragerait l’implémentation sur le terrain ainsi que les bonnes pratiques des consommateurs.
Un recensement à l’échelle nationale, avec une cartographie à jour, faciliterait grandement leur adoption par les citoyens et permettrait de rendre cette alternative plus accessible. En prenant en compte les dimensions écologiques, sociétales et de santé publique, l’amélioration de la qualité de vie des usagers et des visiteurs en milieu urbain nécessite un accès facilité aux points de rafraîchissement. Dans une approche écosystémique des services aux voyageurs, BubblesMapper s’engage à soutenir l’installation et la gestion d’un réseau de fontaines d’eau potable à l’échelle européenne, intégrées au développement urbain et reconnues par le public pour leur qualité.
L’objectif partagé est de réduire progressivement l’utilisation de bouteilles en plastique et de renforcer l’engagement des commerces dans la transition écologique.
Bien que la Loi AGEC prévoie des sanctions en cas de non-respect des obligations, son approche reste avant tout pédagogique. L'objectif est de sensibiliser les entreprises, les collectivités et les citoyens à l’urgence de la transition écologique.
En donnant des exemples concrets, comme l’obligation des fontaines à eau, la loi cherche plus à encourager un changement des comportements que de sanctionner. Cependant, la mise en place d’un suivi renforcé et d’incitations plus puissantes pourrait accélérer cette transition et fournir les indicateurs nécessaires à la prise en compte des particularités de chaque ERP.
La Loi AGEC représente un tournant dans la lutte contre la pollution plastique et dans la promotion de pratiques plus responsables en matière de consommation. En imposant des obligations comme l’installation de fontaines à eau dans les ERP, cette législation vise à réduire l’utilisation des plastiques à usage unique, en offrant aux citoyens une alternative accessible à l’eau en bouteille. Toutefois, son application rencontre des défis économiques et structurels, notamment en ce qui concerne le financement et la maintenance des équipements nécessaires.
L’approche de la Loi AGEC, centrée sur la pédagogie et l’incitation à adopter des solutions durables, semble être un levier prometteur pour transformer les comportements à long terme et inciter à la mise en place de solutions innovantes. Il apparait crucial de renforcer les infrastructures existantes, d’améliorer la collecte des données et d’élargir l’accessibilité des fontaines à eau à l’échelle nationale et européenne. Une telle démarche favorisera une transition vers des habitudes de consommation plus respectueuses de l’environnement et permettra de concrétiser les objectifs ambitieux de cette loi pour un avenir sans plastique.
Pour aller plus loin :
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[1] On estime à 450 ans le temps de décomposition d’une bouteille plastique.
[2] LOI n° 2020-105 du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire
[3] On estime entre 500 € à 8 000 € selon les spécifications, le prix initial d’une fontaine à eau et un entretien annuel allant de 200 € à 1 500 € en fonction de la maintenance requise.